Gastronomie sociale

Le futur projet du Refettorio Montréal

Connaissez-vous le projet de Refettorio à Montréal?

Dans le cadre de Montréal en Lumière, une table ronde sur la gastronomie sociale a permis d’en savoir plus sur l’avancement de ce projet de table communale. Crédit photo de l’image à la une Frédérique Ménard-Aubin.

Conférence Montréal en lumière

Crédit photo: Frédérique Ménard Aubin

Les projets de Refettorios à travers le monde

Refettorio est le terme italien pour désigner un réfectoire, une vaste salle où les membres d’une communauté prennent leur repas.  Le mot refettorio provient du latin classique «refectorius» et signifie «réconfortant».

Ce n’est pas un hasard si ce projet porte un nom italien.  L’idée d’établir un refettorio à Montréal a germée dans l’esprit de Jean-François Archambault et John-Winter Russell lors du passage du chef Massimo Bottura en 2016 dans le cadre des conférences C2 au centre Phi. 

Massimo Batturo

Source Conférence C2.

Il faut savoir que ce célèbre visionnaire de la cuisine italien aime bien sortir des sentiers culinaires et est aussi reconnu pour sa façon d’appliquer sa créativité à des enjeux sociaux. Massimo Bottura a d’ailleurs fondé avec sa femme Lara Gilmore l’organisme Food for Soul. 

En 2015, Massimo Bottura a organisé un « pop-up event » pour valoriser la culture alimentaire italienne.  Le chef italien a monté une table pour les démunis où de grands chefs au d’envergure internationale (René Redzepi et Alain Ducasse entre autres) sont venus cuisiner avec des ingrédients invendus, voués aux vidanges.  Les convives vivants dans l’itinérance étaient loin de connaître ces chefs étoilés et ils n’en avaient rien à faire!  Sauf que la nourriture était réconfortante et le service attentionné leur apportait de la dignité.

Avec le Refettoria Ambrosiana établi à Milan, des plats à base de restes alimentaires sont concoctés. Massimo Bottura fait preuve d’un engagement hors pair à travers ces projets communautaires visant à ramener la dignité au menu pour les convives qui sont en situation d’impasse. 

Après Milan, Rio, Londres, Paris, bientôt Montréal

Avec l’engagement de chefs et de la ville de Montréal, le projet de refettorio s’établira dans un lieu patrimonial parfait pour la cause.  L’ancien presbytère de l’église anglicane St-Georges, rue des Canadiens-de-Montréal servira à la fois de logements sociaux et de lieu pour accueillir la cuisine et la table communale du Refettorio. Le restaurant Candide a d’ailleurs élu domicile dans un ancien presbytère, pourquoi pas le Reffetorio.

Église anglicane St-Georges

Crédit photo: Frédérique Ménard Aubin

Selon Massimo Bottura, la beauté des réfectoires avec des œuvres d’art et de design fait partie des droits des démunis, d’où le choix de ce lieu magnifique à Montréal.  Il y aura d’ailleurs l’ajout d’oeuvres d’art avec l’appui du Musée d’art contemporain.

Délai du projet prévu pour l’automne 2020

Puisque le presbytère doit être reconstruit, avec une grande partie des matériaux réutilisés, le calendrier du projet est malheuresement repoussé en 2022. 

Toutefois dès l’automne prochain, un Refettorio sera installé temporairement à l’entrée de l’église, le temps que le projet immobilier de Quovadis sur le site du presbytère voit le jour selon Jean-François Archambault. Massimo Batturo a été catégorique avec un court message « Ce n’est plus le temps de parler ou de tourner en rond. On agit. »

Des conditions gagnantes pour le Reffetorio Montréal

On peut compter sur la mobilisation des chefs et la présence déjà bien ancrée sur le terrain d’un organisme qui distribue des repas.  Il y a déjà une soupe populaire qui sert des repas aux gens du quartier dans la cuisine actuelle du presbytère de l’église anglicane Saint-Georges.

De plus, à Montréal il existe un réel désir des chefs de travailler ensemble. Sans compter l’expertise développé pour le respect de la sécurité alimentaire grâce aux nombreuses initiatives de la Tablée des chefs.

Le chef du restaurant Candide a la mission de mobiliser les chefs en leur donnant le goût de donner de leur temps pour la société.  Avec un bassin de 4000 chefs à Montréal et les environs, il se chargera de les solliciter ne serait-ce que pour faire un jour de bénévolat chacun.  Il y a donc suffisamment de ressources pour faire fonctionner le Refettorio pendant 10 ans!

Les chefs David McMillan, Fred Morin, Patrice Demers, Marc-André Jetté, Stefano Faita, Marie-Fleur St-Pierre, Simon Mathys et Dyan Solomon ont déjà manifesté leur intérêt, selon un article paru dans La Presse.

Le programme du Refettorio Montréal

Discussion après la conférence de Montréal en lumière

Crédit photo: Lyne Pedneault. Mission Cuisine Urbaine

Au menu du Refettorio, il y a aura des repas deux fois par jour, cinq jours par semaine pour une centaine de personnes dans le besoin.  Avec des équipements modernes, les aliments provenant des invendus auront une seconde vie.  Le but est aussi de préparer des repas prêts à servir et distribués à des organismes communautaires offrant des services aux personnes en état d’itinérance, des gens âgés isolés avec peu de revenus ou des enfants issus de milieux où les repas à la maison ne sont pas garantis.

Puisque l’éducation est un enjeu important pour la gastronomie sociale, un volet de formation sera développé pour aider les gens à se sortir du cercle de l’itinérance.

Le Refettorio de Montréal veut agir en complémentarité avec les ressources actuelles.  Avec les installations modernes des cuisines, il sera plus facile de tirer le maximum des ressources alimentaires et faire bénéficier les organismes en place comme la banque alimentaire Moisson Montréal qui redistribue des denrées. 

Jean-François Archambault de la Tablée des chefs et le chef John-Winter Russell vont piloter le projet pour assurer la gestion de l’arrivée de la nourriture, établir les équipes des bénévoles et développer leurs compétences et les équiper d’outils.  À Montréal, les conditions gagnantes du Refettorio sont déjà en place. C’est une belle initiative sous le signe de la gastronomie sociale, le sujet de mon prochain article.

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